Le fret ferroviaire doit encore travailler l'adéquation de l'offre et de la demande

Aoujuord'hui, 32 milliards de tonnes-kilomètres sont transportées en France par la voie ferroviaire.

Crédit photo VFLI
L'association 2A2F Hauts-de-France s'est penchée sur les maux du fret ferroviaire lors d'une table ronde organisée à Valenciennes. Pénurie de conducteurs, réglementation à revoir : le secteur partage les difficultés des autres modes de transport. Mais la principale source de dégringolade reste l'inadéquation de l'offre et de la demande.

32 milliards de tonnes-kilomètres transportées en France aujourd'hui par la voie ferroviaire, contre 57 milliards au début des années 2000 : le fret ferroviaire reste à la peine, malgré les plans de relance successifs. Le secteur semble pourtant à l'aube d'une prise de conscience qui pourrait signer le début du renouveau : si les clients désertent, c'est d'abord parce que le service ne correspond pas à leurs attentes.

Proposer une offre individualisée

"L'offre existante n'est satisfaisante nulle part en Europe", fait remarquer Geert Pauwels, CEO de Lineas, invité à s'exprimer le 7 septembre dernier à Valenciennes lors d'une table ronde organisée par l'Association Activer des solutions nouvelles pour le Fret Ferroviaire en Hauts-de-France (2A2F). "Les volumes concernés par les trains complets sont déjà sur les rails. C'est sur le trafic diffus et combiné qu'il faut développer l'offre", poursuit le patron de l'ex-SNCB Logistics, qui a remis l'entreprise sur la voie de la rentabilité.

Nicholas Giraud, Pdg de Forwardis, confirme cette nécessité de remettre en adéquation l'offre et la demande. "Les entreprises ferroviaires proposent par définition une offre de type “grossiste". Or il faut qu'elles soient capables d'apporter une réponse de type "Retail", individualisée".

Redonner confiance et veiller au prix

C'est d'ailleurs ce type d'approche qu'a privilégié Lineas pour reprendre pied sur le marché. L'entreprise a élaboré une nouvelle offre, GreenExpress, qui propose des temps de transit améliorés. "On est très preneurs du concept de Lineas. On a besoin d'opérateurs qui prennent des risques et mettent en place une nouvelle façon de traiter le wagon isolé. Car c'est là que se concentrent nos principales difficultés. Les trains complets fonctionnent relativement bien", se félicite Arnaud Desmond, directeur logistique d'Arcelor Mittal.

Outre le renouvellement de l'offre, Lineas indique aussi devoir mener un travail de fond pour redonner confiance dans le rail. "À chaque fois, on s'efforce de bien comprendre les flux des clients. Puis on analyse quelles sont les conditions nécessaires pour les basculer vers le rail, flux par flux. Ça peut prendre du temps pour trouver les bonnes solutions techniques et logistiques, mais ça fonctionne", raconte Geert Pauwels.

"Et le prix doit être aussi être en ligne avec le camion. Car ça reste le premier critère devant la qualité et l'environnement", ajoute le représentant de l'entreprise belge. Emmanuel Favreuille, de Delta 3, confirme : "le routier longue distance reste le mètre étalon de nos clients. On ne fera sans doute pas l'économie d'un système de bonus-malus favorable à ceux qui utilisent le report modal".

Si de ce point de vue, les professionnels estiment donc que les pouvoirs publics ont un rôle à jouer pour favoriser le report modal, ils reconnaissent qu'il y a également des gisements de productivité encore inexplorés, comme par exemple le taux d'utilisation des wagons.

Développer une approche collaborative

Nicholas Giraud, Pdg de Forwardis, met en avant un autre élément susceptible de relancer le fret ferroviaire : le modèle collaboratif. "Le tout routier ne fait pas de sens, le tout ferroviaire non plus. Nous devons être architectes de plan de transport et fédérer les chargeurs". Car le report modal reste encore souvent un "parcours du combattant", reconnaît Guy Bourbonnaud, directeur du développement multimodal du port de Dunkerque.

"Il faut qu'on soit capables de réfléchir sur des solutions porte à porte, en donnant une vision clef en main qui inclut les questions techniques, commerciales et financières. C'est aussi l'objet d'une association comme Norlink Ports, que nous avons créée en début d'année pour mettre en place des schémas de transport massifiés au niveau régional afin de décarboner et désaturer les réseaux de transport".

Conscients, donc, des efforts à faire pour apporter un meilleur service au client, les professionnels du fret ferroviaire n'en attendent pas moins également une contribution des pouvoirs publics pour asseoir leur développement. Ils pointent notamment de nécessaires réformes de la réglementation, sur l'accès au réseau, le référentiel d'entretien, mais aussi la formation des conducteurs. Autant de sujets qui ont été débattus lors des ateliers de travail organisés par l'association 2A2F à l'issue de la table ronde. 

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