Les sanctions contre la Russie, décidées après l’invasion de l’Ukraine, touchent aussi les routiers russes et biélorusses. Des dizaines d’entre eux sont bloqués en Europe de l’ouest, notamment en Allemagne. Ainsi, à Schwerin, dans le nord de l’ex-RDA, plusieurs routiers de la Fédération de Russie sont à l'arrêt, leur carte de crédit bloquée ne leur permettant pas d’acheter de carburant pour rentrer en Russie. Ou à Pletemberg, près de Dortmund, où quatre semi-remorques immatriculés en Russie qui transportaient de l’acier ont trouvé refuge sur le parking d’un client. "Ils sont complètement désespérés, constate Christoph Brinkhaus, un collègue allemand qui frappe à la porte des cabines, pour proposer son aide. Ils ne savent pas quand ils pourront rentrer chez eux, s’ils pourront même tout simplement rentrer chez eux… Ils pourraient bien être bloqués ici pendant plusieurs mois !"
Insultes et agressions
Un peu partout à travers l’Allemagne, des associations de routiers se mobilisent pour venir en aide à leurs collègues russes. "Les routiers russes n’y peuvent rien si Poutine envahit l’Ukraine, estime Christoph Neef, le président de l’association "Anges des camionneurs pour la région de Bade", dans le sud-ouest de l’Allemagne. Avec plusieurs collègues, il arpente le week-end les aires d’autoroute à la recherche de camions immatriculés en Russie. Avec sa camionnette, il distribue de la nourriture, aide à payer la facture de diesel… "Mais la plupart du temps, ils se cachent dans les cours des entreprises dans lesquelles ils effectuaient des livraisons, déplore Chirstoph Neef. Plusieurs se sont fait agresser : vendredi, j’ai reçu l’information qu’à Offenbourg, des routiers russes se sont fait agresser sur une aire d’autoroute de Renchtal."
Elena, conductrice biélorusse de 35 ans, employée par un transporteur russe, raconte comment elle s’est fait insulter à la frontière germano-danoise, alors qu’elle devait se rendre en Belgique pour y prendre une livraison. Karen et Leonid, tous deux biélorusses, racontent aussi comment des collègues ukrainiens les ont chassés d’une aire d’autoroute alors qu’ils devaient se rendre en Lituanie avec une cargaison de meubles. "On se fait insulter par les autres routiers quand ils voient notre plaque d’immatriculation russe."
De l’assistance sanitaire
A Pletemberg, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la camionnette de Joachim Fehrenkötter s’approche d’un des semi-remorques à l'arrêt depuis plusieurs jours. Le président de l’association Doc Stop propose de l’assistance sanitaire aux conducteurs en rade. "On n’est qu’au début de cette catastrophe, estime le médecin. On aura sans doute plusieurs centaines ou plusieurs milliers de routiers bloqués en Europe, ne pouvant rentrer chez eux à cause des sanctions. Ils ont besoin des produits de première nécessité."
La solidarité est multiple. La fondation des routiers "Truckers Life" vient elle aussi en aide aux conducteurs des pays impliqués dans le conflit ukrainien, en organisant des transports humanitaires vers l’Ukraine, avec l’aide de routiers européens.
