Olga Alexandrova et Jérôme Douy, Union TLF : "Le mix énergétique est la solution la plus efficiente"

Olga Alexandrova, directrice déléguée au pôle terrestre de l’Union TLF, et Jérôme Douy, directeur délégué au pôle développement durable de l’Union TLF

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La transition écologique est lancée avec des mesures qui se renforcent mais beaucoup de questions qui restent en suspens. Olga Alexandrova, directrice déléguée au pôle terrestre de l’Union TLF, et Jérôme Douy, directeur délégué au pôle développement durable de l’Union TLF, plaident pour un mix énergétique et restent vigilants quant au risque de double taxation.  

L’Officiel des transporteurs : La directive Eurovignette a été validée par le Parlement européen le 17 février. Un nouveau projet, Fit for 55, est désormais en discussion et prévoit l’entrée du TRM dans le marché carbone. Craignez-vous une double taxation ?
Olga Alexandrova : La directive Eurovignette a été révisée avant d’être publiée en février. Elle modifie les mesures de taxation du transport routier de marchandises avec plusieurs paramètres "verts". L’Union TLF restera vigilante pour éviter toute double taxation des émissions de CO2. Les discussions sont en cours concernant le projet Fit for 55 et nous serons très attentifs si l’extension du marché carbone au transport routier de marchandises se profile, afin que les taxes prélevées restent dans la filière pour aider les entreprises à verdir leur parc. Cette extension aux transporteurs soulève plusieurs questions : comment la mettre en place compte tenu de l’existence de l’Eurovignette ? Comment flécher les fonds récoltés ? Et il y a plusieurs parties prenantes, les États sont à des stades différents quant à l’évolution de leur politique verte.

L'OT : Comment l’écotaxe, notamment celle qui se prépare en Alsace, s’articule-t-elle avec l’Eurovignette ?
O. A. : L’écotaxe en Alsace a justement été prévue dans le cadre des possibilités définies par la directive Eurovignette. Son champ d’application n’est pas encore validé et les discussions au sein de la Communauté européenne d’Alsace à ce sujet viennent de commencer. Ce projet était déjà dans les tuyaux avant la loi climat et résilience du 22 août 2021, qui prévoit et cadre la possibilité de déployer des écotaxes dans d’autres Régions de France. Pour qu’une autre écotaxe régionale puisse s’appliquer, deux conditions doivent être remplies. Après sa demande, un transfert à la Région de la gestion du réseau public routier national en vertu de la loi 3D (n° 2022-217 du 21 février 2022) et une existence préalable d’un dispositif similaire dans une zone limitrophe (pays/région) ayant pour effet de créer un report ou un risque de celui-ci sur le territoire dans cette Région. Par exemple, en Alsace, la région frontalière des Ardennes pourrait également la mettre en place si elle constate une augmentation des flux routiers à cause de l’écotaxe alsacienne.

L'OT : L’Europe pousse le développement de l’hydrogène et de l’électrique et, considérant que le gaz ne fait pas partie des énergies d’avenir, souhaite limiter les subventions pour ce carburant. Quel est votre point de vue sur le sujet ?
O. A. : Nous sommes pour un mix énergétique, et il ne faut pas oublier que les subventions au gaz concernent le biogaz. Si, dans tous les textes européens du paquet climat les deux énergies, électricité et hydrogène, sont mises en avant, la position française reste sur le développement de plusieurs énergies. Le mix énergétique est plus efficient pour les transporteurs car en fonction de la situation géographique et de l’activité dans l’entreprise, ils pourront choisir l’énergie la plus appropriée.
Jérôme Douy : Au niveau de la France, un grand travail a été effectué avec la task force transition énergétique. Sans vision concrète en matière de déploiement de la transition énergétique, on a œuvré – l’Union TLF et les autres organisations professionnelles – pour qu’une attention particulière soit donnée au transport routie de marchandises. Cette task force, menée par la DGITM et la DGEC, a eu le mérite de mettre tout le monde autour de la table : constructeurs, transporteurs, logisticiens mais aussi les énergéticiens. Il en ressort qu’aujourd’hui la vision que la transition énergétique n’est pas marquée sur le long terme. Il y aura probablement un mix énergétique selon des cas d’usage : la logistique urbaine sera probablement plus fléchée sur l’électrique, mais les autres activités sont beaucoup moins marquées. Le développement de l’hydrogène est encore trop embryonnaire. Les seuls équipements existants sont des rétrofits réalisés sur des basculements vers l’hydrogène, mais ils coûtent extrêmement cher. En termes de TCO [coût total de possession], ce n’est absolument pas en rapport avec les besoins de la profession. Et pour l’électrique, la technologie d’autonomie reste très limitée et donc difficilement adaptable pour de la longue distance. Le gaz est aujourd’hui la seule énergie la plus en rapport avec les TCO, en comparaison avec le diesel.

> Lire la suite de l'interview dans l'Officiel des transporteurs n° 3104-3105 du 1er avril 2022

* L’interview a été réalisée avant l’annonce du plan de résilience économique et sociale du gouvernement et du financement à hauteur de 400 M€ pour les entreprises du transport.

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