Le montant de la taxe carbone est passé en Allemagne de 25 à 30 euros la tonne au premier janvier, entraînant ainsi une hausse supplémentaire du prix du diesel d’environ 8 ct le litre. La coalition au pouvoir sous Angela Merkel avait décidé la hausse de la taxe sur le CO2, versée par toute entreprise recourant aux carburants fossiles tels que GNL, essence, diesel ou fioul, pour permettre au pays de respecter ses objectifs climatiques. La hausse de la taxe CO2 doit se poursuivre dans les années à venir, à raison de 5 à 10 % de plus par an.
Selon cet accord, le prix de la tonne de CO2 doit passer à entre 55 et 65 euros en 2025. Le prix des carburants augmenterait alors de 12,3 à 14,5 ct le litre pour l’essence, de 14,2 à 16,8 centimes le litre pour le diesel. 64 % du prix des carburants est constitué de taxes en Allemagne, selon les calculs de la fédération des automobilistes ADAC.
Des conséquences dramatiques
Les conséquences pour les transporteurs sont dramatiques. Kurt Hotter, à la tête de Röthenbacher depuis 24 ans, s’est séparé de quatre véhicules en quelques mois, du fait de la hausse des coûts. Sa facture en diesel a augmenté selon ses calculs de 15 000 euros par mois depuis le printemps dernier, auxquels il faut ajouter 1 000 euros supplémentaires pour le AdBlue.
L’entrepreneur s’est vu contraint d’augmenter ses prix pour ses nouveaux clients. "Mais impossible d’augmenter les prix pour les contrats en cours, même si le prix du diesel augmente !", rappelle Kurt Hotter. Il redoute qu’avec les Verts au pouvoir en Allemagne depuis le départ d’Angela Merkel, le montant de la taxe carbone n’augmente plus vite que prévu, et que le prix du diesel dépasse rapidement la barre des deux euros le litre.
Même calcul pour Klaus Endres, à la tête de l’entreprise Ottensooser, spécialisée dans le transport de boissons. La note en diesel pour ses 70 camions a augmenté de 31 % depuis le début de l’année, passant de 29 000 à 38 000 euros par mois pour le transport de quelque 75 000 caisses de bouteilles par jour. "Et la hausse est encore plus élevée pour l'AdBlue, de l’ordre de plus 80 % depuis l’été", déplore Klaus Endres.
Une "dieselfloater"
Seuls les transporteurs ayant négocié avec leurs clients un "dieselfloater" (composante du prix variable, selon le niveau de prix des carburants) semblent mieux supporter les variations de tarifs. Seul motif de satisfaction pour les transporteurs, la hausse du prix des carburants sera en partie compensée par la diminution du montant du péage autoroutier à compter de 2023. "Nous voulons à tout prix éviter qu’un double poids pèse sur les transporteurs", avait assuré l’ancien ministre des Transports, le conservateur Andreas Scheuer; à ce sujet.
La baisse de la taxe autoroutière devrait représenter environ 400 millions d’euros par an pour le secteur. L’argument ne convainc pas vraiment les transporteurs allemands, qui argumentent que leurs concurrents d’Europe de l’Est chercheront à échapper à la taxe CO2 en faisant le plein hors d’Allemagne.
