Pour la Cour des comptes, la crise sanitaire a fragilisé davantage la SNCF

Au printemps dernier, lors du premier confinement, Fret SNCF a ajusté ses plans de transport. Objectif : prioriser les trafics en fonction des besoins essentiels de la nation. 

Crédit photo SNCF
Dans son dernier rapport annuel, la Cour des comptes s’est penchée sur la gestion et les conséquences de la crise sanitaire. Dans ce cadre, elle a consacré un chapitre au groupe SNCF, plombé par l’arrêt des trafics voyageurs pendant le premier confinement et pénalisé par la faible compétitivité du fret ferroviaire.

Le 18 mars, la Cour des comptes a publié son traditionnel rapport annuel. Dans un contexte sanitaire inédit, l’édition 2021 se divise deux tomes, dont l’un consacré à la gestion de la crise sanitaire et de ses conséquences. Au sein de ce dernier, un chapitre est consacré au groupe SNCF, plombé par l’arrêt des trafics voyageurs lors du premier confinement et pénalisé par la faible compétitivité du fret ferroviaire.

Considérée comme une activité vitale à la fourniture des produits essentiels, sans restriction de circulation, l’activité fret a, selon le rapport, limité la casse. "Par rapport à l’année précédente, la baisse du nombre de wagons transportés par Fret SNCF était de - 25 % en mars, - 39 % en avril et - 38 % en mai. Le trafic est ensuite progressivement remonté en juin (- 21 %) avant de revenir à la normale en juillet (seulement - 4 %). La baisse au plus fort du confinement est sans commune mesure avec celle constatée lors des grèves de 2019 (- 60 %)", compare le rapport.

Un plan de transport de crise

Au printemps dernier, lors du premier confinement, Fret SNCF a ajusté ses plans de transport. Objectif : prioriser les trafics en fonction des besoins essentiels de la nation. Dans ce cadre, trois catégories de trains ont circulé : 

  • les trains "vitaux Nation et pandémie" dits "prioritaires" (produits pétroliers, matières premières pour le chauffage urbain, oxygène médical, chlore pour le traitement des eaux potables, céréales, produits périssables, eaux en bouteille) ;
  • les trains dits "économiques" (matières premières destinées à éviter les arrêts d’usines à production continue : électrolyse, verreries, fours à coulée continue, etc.) ;
  •  les trains de "continuité industrielle", dits "économiques", permettant le fonctionnement (le cas échéant au ralenti) des usines stratégiques et la préparation de la reprise de l’activité économique. 

D’un point de vue opérationnel, cette organisation semble avoir buté sur "des difficultés de circulation de certains trains du fait de l’incertitude sur les tenues de postes d’aiguillage, de l’absence d’agents pour gardes d’enfants et en raison de la fermeture de certaines voies de circulation non sécurisées", précise le rapport.

Des circulations basculées dans la journée

De son côté également, SNCF Réseau a vu son activité se réduire considérablement lors de la période de confinement. "Seuls 74 % des trains commandés par les chargeurs dans la deuxième quinzaine de mars ont pu circuler, nécessitant une réorganisation des postes de circulation. Les taux de réalisation des commandes de sillons ferroviaires atteindront ensuite 88 % en avril et 95 % en mai", détaille la Cour des comptes. 

En dépit de la réduction du nombre de salariés disponibles, SNCF Réseau a pu assurer la circulation des trains indispensables à la continuité de l’activité sanitaire et économique, notamment en ajustant les sillons de circulation dans des délais très courts. "Compte tenu des contraintes de personnels d’aiguillage, SNCF Réseau a été amenée à modifier le plan de transport des trains de fret, en basculant leur circulation dans la journée sur des sillons libérés par la diminution du trafic voyageurs", note le rapport.

Reprise d’activité

Au sortir du premier confinement, SNCF Réseau a donné la priorité aux ajustements des plans de transport afin de répondre aux demandes des transporteurs et a également dû intensifier la maintenance courante du réseau en dégageant des capacités supplémentaires en mai et en juin pour réaliser des opérations qui ont parfois mis en cause la circulation de certains trains de fret. 

Enfin, le maintien d’un niveau d’activité relativement élevé pendant le confinement a permis au fret de limiter la diminution de son chiffre d’affaires à - 92 M€ (- 11 %) .Un niveau plus élevé que celui estimé par l'Union internationale des chemins de fer (UIC) qui table, en Europe, sur des pertes de revenus du transport de fret à 14 % . 

Un jeu d’équilibriste

Pour la suite, la Cour des comptes craint que Fret SNCF ne dégage que de faibles marges et se trouve rapidement en difficulté. "À la sortie du premier confinement, le nombre de wagons transportés est resté à un niveau inférieur de 20 à 25 % à celui constaté en 2019, soit environ 55 000 wagons en juin et en juillet 2020." Or, à ses yeux, une marge positive n’est envisageable qu’à partir de 75 000 wagons mensuels. 

Un retour des trafics qui dépend notamment de l’activité des secteurs économiques de ses clients. Et là, les perspectives ne semblent pas des plus optimistes, notamment en ce qui concerne la sidérurgie, l’automobile ou encore les minéraux, carrières et cimentiers."Se pose la question des mesures de soutien que l’État pourrait adopter pour accompagner la réduction des coûts et ainsi inciter davantage les chargeurs à opter pour le train", soutient la Cour des comptes. 

Rappelons à ce titre qu’au second semestre 2020, l’État a pris à sa charge à hauteur de 63 M€ les redevances d’infrastructure que les opérateurs doivent verser à SNCF Réseau et a apporté une aide à l’exploitation de 170 M€ au secteur dans le cadre de loi de finances pour 2021, avec une prise en charge de la moitié des péages, d’une aide au wagon isolé et d’un soutien au transport combiné.

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