L’accès aux données statistiques concernant le fret ferroviaire est souvent délicat. Aussi, le document publié l’Autorité de Régulation des Transports (ART) sur le marché français du transport ferroviaire en 2019 n’en est que plus précieux.
Fret SNCF continue de décliner
Il révèle, et sans que cela ne constitue une réelle surprise tant les mouvements sociaux ont sévèrement impacté l’activité du fret à partir de décembre 2019 (cf encadré), que le trafic a baissé de 2 % en trains/km. Il s’est élevé à plus de 58 millions de trains/km. Le tonnage de marchandises transportées est, en revanche, resté relativement stable à près de 33 milliards de tonnes/km. Les opérateurs ont donc augmenté le tonnage moyen transporté par train qui ressort à 560 tonnes.
Au plan, cette fois, des parts de marché, l’exercice 2019 a confirmé la lente érosion de celles de Fret SNCF. L’opérateur historique ne détient plus qu’une part de marché de 56 %, en baisse de 2 points par rapport à 2018 et de trois points comparée à 2017. Euro Cargo Rail (ECR) a, pour sa part, gagné un point à 13 % tandis que VFLI (filiale du groupe SNCF) suit immédiatement derrière avec 12 %.
Toutes les autres entreprises ferroviaires (vingt au total) restent stables, à commencer par Europorte avec 6 %. Régiorail occupe, de son côté, la cinquième place avec 4 %. Enfin, les quinze autres entreprises ferroviaires ayant réalisé du transport de marchandises ont reculé d’un point à seulement 2 % de parts de marché.
Un âge moyen de 72 ans pour les capillaires fret
Les données chiffrées communiquées par l’ART mettent également en avant un taux de ponctualité des trains de fret en légère amélioration. Aux seuils de 30 minutes et d’une heure, ils se sont améliorés de deux points pour atteindre respectivement 85 et 93 %. Une bonne nouvelle dans l’optique d’un report modal maintes fois annoncé mais qui décidément tarde à se concrétiser. Pour l’heure, le fret ferroviaire en reste donc à ses 9 % de parts modales actuelles.
Toutefois, l’inflexion vers les 18 % ambitionnés à l’horizon 2030 par l’Alliance 4F est, pour le moins, urgente tant le réseau continue de se contracter. Depuis 2015, ce sont, en effet, 700 km de lignes qui ont disparu ramenant la longueur du réseau à 28 100 km seulement. Plus préoccupant encore, et malgré les programmes de modernisation engagés, 2 693 km de lignes capillaires fret ont un âge moyen de 72 ans ! Cet âge canonique a, toutefois, reculé d’un an et cinq mois au cours de la période 2015-2019.
De l’impact des mouvements sociaux en 2019
L’ART a interrogé les opérateurs de fret ferroviaire afin d’évaluer l’impact des mouvements sociaux de décembre 2019 / janvier 2020. Ces derniers ont indiqué que ces grèves ont provoqué une baisse importante des circulations de fret, seules 52 % des circulations prévues sur le Réseau Ferré National (RFN) ayant été effectivement réalisées. Traduit en chiffres, l’impact est de 90 millions d’euros sur un chiffre d’affaires prévisionnel de près de 190 millions d’euros durant cette période. L’ART a précisé, en outre, que "des difficultés de communication avec SNCF n’ont pas toujours permis aux opérateurs de redéployer à temps les trains de fret. Lorsqu’un report modal a été possible, le choix d’un transport alternatif par le mode routier a été signalé comme la solution retenue par un grand nombre de clients des entreprises ferroviaires."
